samedi 22 novembre 2014

L'arbre de la liberté déportée...

J'ignorais ou je l'avais oublié, et vous aussi sans doute, que Toussaint Louverture, figure emblématique de la libération haïtienne et de la lutte pour l'abolition de l'esclavage, était mort dans un fort français, déporté avec sa famille.
Pourtant la richesse de la côte Atlantique - Bordeaux, La Rochelle, Nantes...- ne s'est-elle construite sur ce commerce triangulaire qui pendant des siècles a vidé l'Afrique subsaharienne de ses forces vives, avec des complicités locales certes, mais quand prospéraient des états structurés et cultivés dont témoignent "l'art nègre", une importante culture littéraire, orale, mais aussi écrite et/ou transcrite et même une utilisation de la monnaie beaucoup plus pensée qu'on ne l'imagine en général, comme les codes de communication utilisés à l'époque...

Bref, au hasard d'une étape du voyage de Jean-Marie et Viviane,  la rencontre d'un fort, d'une pancarte indiquant qu'ici fut déporté et est mort Toussaint Louverture. C'est tout.

Comme de nombreux autres dits.

Un voyage pédestre, le relevé de découvertes à partir de signalétiques diverses...


Portrait de Didier Tallagrand par Elicia Malosse  (Fête de la science, salle Louis Nodon,
octobre 2014)  Expertise, à 11 ans, d'une autre forme d'écriture numérique...(1)

Et chacun suivant son histoire, ses sensibilités, s'empare du dit, là Toussaint Louverture, ailleurs une plante, un oiseau, un terme géographique - cluse, clue... Et de là à Saint-Michel de Chabrillanoux en 1944... S'en emparer, explorer un lien, puis, à partir de celui-ci, d'autres liens...

D'autres résistances, mais la pérennité de cette phrase de Toussaint Louverture, trouvée sur wikipedia : "En me renversant on n'a abattu que le tronc de l'arbre de la Liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses."

Partage donc d'un simple récit documentaire mais dans une écriture numérique qui ouvre aux lecteurs la possibilité d'autres explorations, de documents en documents... Où les liens effectifs et possibles étayent  et soutiennent la multi-dimensionnalité de toute lecture & sa personnalisation -chaque lecteur recréant son texte.  Partages ouverts à partir de témoignages livrés. L'incitation si on le souhaite, à de nouvelles et multiples explorations. Incitation/invitation, le secret savoir-faire de l'auteur ? 

Une spécificité de cette mise en blog de la relation, précise et fiable,  d'un voyage vécu. 

Une écriture qui suscite l'activité du lecteur... Et son plaisir -ces mots qui chantent - de La Roche Bernard à l'arbre de la Liberté de Saint-Domingue, on passe par Le-bief-de-la-Chaille, Entreportes, Loutelet, Tourillon, Tournillon ?...- et j'en passe, et vais en chercher ailleurs, et "les sentiers s'envolent en écharpe"...

A suivre et  déguster, sans oublier qu'entre "Camino frances" et ce blog ci, on s'est embarqué en machine à remonter le temps - d'une trentaine d'années... Datation qui suinte de la comparaison des photos. Par contre le travail de transposition numérique effectué par Jean-Marie Mengin, est actuel.

Bref une grande richesse de cette mise en blog, par l'auteur, de ses écrits de voyage, qui révèle sa familiarité avec l'écriture numérique et une expertise en matière des ressources de celle-ci - qu'il contribue à faire évoluer...


Inès Incognito, 
tante de Patagonie d'Ophelia Escriu

------------
1. Ou la richesse des apports de chacun à l'EPN et la collectivité - la richesse notamment de l'apport par J-M.Mengin de ses écritures passées... Et, attendues avec une grande impatience, de ses écritures en cours qui, d'après divers échos, devraient être d'une grande densité...






vendredi 21 novembre 2014

Camille Chapon & Henri Chopin?

Performance annoncée de Camille Chapon lors de la monstration en vieille ville de Valence du travail des artistes nouvellement diplômés de l'ESAD  Valence-Grenoble.

Une quasi nécessité d'aller voir suite à la mention, dans le carton virtuel d'invitation, de cette performance avec référence à Henri Chopin.

Henri Chopin, musicien côtoyé dans années 1954-58, dans l'île de Ré, avec un groupe d'artistes amis.


Une identification effectuée avec l'aide de Frédéric Acquaviva  venu pour ce faire en Ardèche, d'où une présentation des lettristes et l'intégration de quelques personnes à une création musicale de Frédéric Acquaviva, présentée en avant-première à Brodway, et la citation de Saint-Apollinaire-de-Rias, comme lieu de création d'Acquaviva à côté de Madrid, Berlin, New-York...


Henri Chopin qui enregistrait des bruits internes de son corps et s'en servait dans ses créations...

Donc beaucoup d'impatience...

Une prestation de Camille Chapon très intéressante où il introduit la danse - qu'il travaille actuellement à Berlin. Un rapport au corps, comme Chopin,  mais plus gestuel que sonore.

Des suites ?

- une intégration à la performance par jet de peinture blanche - sans conséquence majeure après quelques lessives, 
- une mise en relation avec Frédéric Acquaviva, dont le port d'attache est aussi Berlin...
- pourquoi pas si on en a les moyens, dans un ou deux ans,  une résidence Danse, pour aller plus loin dans le travail effectué ici, avec Camille Chapon ? 

A voir, discuter...

NB. A noter aussi le partage d'une référence à Pennequin que Jean-Pascal Dubost avait introduit aux Baraques il y a au moins cinq ans...

J.Cimaz





jeudi 20 novembre 2014

Femme verticale

- à la salle Louis Nodon!

On ne peut dire « spectacle » ! (1)
Plutôt "performance"- exploration  philosophico-artistico-sociétale d’évolutions de notre époque qui renvoient souvent à la densité et la complexité de vécus difficiles et douloureux,  qu’ils soient liés à l’identification sexuelle de chacun ou/et au statut de la femme dans le couple où  il serait bienséant qu’elle soit un peu moins cultivée,  un peu moins  diplômée et un peu moins rémunérée que son époux.(2)

Où le partage des rôles parait codifié, stratifié & solidifié comme couches sédimentaires au cours des millénaires... Pourtant Lucy, "Toi, mon enfant d'un autre temps", nous dit Chedid, se redresse. Nombre d'interrogations, à tresser, construisent le sens.

Ne s'est pas évoquée celle de l'obligation de la parité dans le vote. 
Question d'actualité pourtant! N'est-il insultant que des femmes soient élues en fonction d'une pseudo-identité biologique alors que la construction de l'identité est essentiellement culturelle ? Est-ce à dire qu'elles seraient  moins compétentes ? (3)  Et que dire de femmes portées par l'obligation paritaire sans avoir les compétences requises, et confrontées chaque jour au renvoi de leur incompétence, d'où déni et boomerang ? L'obligation existante ne devrait-elle, au moins, en toute logique, entraîner une formation?

Et comment s'évaluent les compétences, par rapport à quels objectifs  et  enjeux? Le travail commun sur des critères d'évaluation et réalisation explicités ne serait-il moyen de réduire la part d'aléas et d'être co-constructifs ? 

Bref  une performance qui suscite de multiples questions et réflexions... Une très belle réussite de la Comédie de  Valence...

Sûrement d'autres interrogations et une réflexion qui devrait se poursuivre aux Rias, l'association étant fort bien représentée à cette soirée. 

Le rôle du  numérique ? Ne serait-ce que dans les projections  visuelles et sonores, presque inaperçu tant  il s'intègre à la construction du sens... Le numérique outil au service de cette exploration artistique, psychologique & sociologique, avant-gardiste & étayée par l'analyse de textes (re)connus, pourvoyeuse de valeurs humaines et démocratiques...

Jacqueline Cimaz

NB. Un seul regret : que la séance ne se soit pas terminée par un débat avec le public comme ceux que nous avons connus il y a quelques années à la Comédie de Valence...


----------
1. cf G.Debord
2. Ceci pour les couples hétérosexuels.  Qu'en est-il pour les couples homosexuels des rôles et identités sociales de chacun ?
3. D'ailleurs est-il normal que dans une profession qualifiée où les femmes sont rares, il soit nécessaire à une femme de travailler beaucoup plus et beaucoup mieux, pour, simplement, être reconnue ?